Mehdi Bouda, une jeunesse volée par l’injustice policière

Ayoub Bouda est venu nous rendre visite pour nous raconter l’histoire du combat qui a changé sa vie. Son frère, Mehdi Bouda, a été victime de violences policières, violences qui lui ont coûté la vie. Découvrez son histoire

20 août 2019, un soir humide d’été, un jeune bruxellois de 17 ans et une voiture de police à contre-sens. Le drame. Mehdi Bouda rentrant tranquillement chez lui se fait lâchement renverser.

À terre, son cœur s’arrête doucement de battre. Premier réflexe, le fouiller.

Je répète.

Un soir humide d’été, Mehdi Bouda, 17 ans, rentrant tranquillement chez lui, se fait renverser par une voiture de police à 98 km/h à contre sens. Le tout, sans une once de pitié. Ce soir d’été, ce n’est pas une vie qui a été tuée, mais celles de toute la jeunesse bruxelloise. Ce soir-là, c’est sa famille qui a changé pour toujours. Leur fils, n’est plus là.

En fait non, pas ce soir là.

21 août 2019, 11 heures du matin. On toque à la porte. Deux policiers annoncent à la mère de Mehdi que son fils est décédé d’un tragique accident sur la route.

Attention, à midi la morgue ferme. Il vous reste une heure pour aller identifier le corps sans vie de votre fils.

L’incompréhension totale. Beaucoup de questions sans réponses

.Cette date marque le début d’un combat sans relâche pour la famille de Mehdi. Un combat certes, mais un combat qu’ils n’ont pas choisi. Et plus particulièrement son grand frère, Ayoub, qui est devenu militant malgré lui.

Ayoub a tout fait par amour pour sa famille. Il aurait bien pu choisir le côté obscur et laisser la rage prendre le dessus. Mais non, il a décidé de se battre pour que son frère soit reconnu en victime de violence policière.

Ce combat, qui dure depuis quatre ans devait enfin voir la lumière du bout du tunnel ce jeudi 16 novembre. Les premières audiences au palais de justice pour reconnaître Mehdi en victime.

Reportées.

Reportées par les avocats de la police.

Prévisible non ?

Cette audience était primordiale parce qu’elle aurait permis de donner une crédibilité inébranlable pour cette affaire qui n’est pas assez prise au sérieux par les médias et nos autorités.

Cette audience aurait été une victoire en plus pour la famille de Mehdi, une raison de plus pour aller jusqu’au bout. Une chance d’aller en procès public.Sa famille ne cherche pas forcement une grande condamnation pour l’accusé, puisqu’à l’issue, Mehdi ne reviendra pas.

Ce qu’ils cherchent, ce que nous cherchons, c’est d’humaniserMehdi. De le reconnaître comme une réelle victime et non comme un mort parmi d’innombrables autres victimes de violences policières.

Notre devoir d’humain est de faire durer la mémoire de ce jeune Mehdi, en continuant à partager autour de nous. Le plus important désormais, c’est être présent à la prochaine audience pour montrer à l’autorité que le peuple est indigné et que nous ne resterons pas silencieux face à ce meurtre.

Attendez. l’annonce vient de tomber. 26 mars 2024. Quatre longs mois d’attente.On espérait une date plus proche, mais comme notre justice est super bien faite, on nous envoie balader.

Comme si l’impunité n’avait pas assez duré.

Amina Derouich
6/12/2023

A lire également

Société

Washing machine : une industrie qui fait tourner la tête

Les responsables marketing n'ont pas froid aux yeux. Il est primordial d'alerter sur leurs tentatives d'appropriation des enjeux de société à des fins mercantiles. De toutes les couleurs... Pour les pointer du doigt, il faut pouvoir les identifier. Explications et cas concrets.
Amina Derouich
29/4/2024
Justice
Éducation
Société

Le souhait d’un autre temps

Deux fois plus de travail pour deux fois moins de reconnaissance. C’est la réalité de nombreuses femmes dans la société patriarcale qu’est la nôtre.📈📉 Comment s’extirper de ces carcans lorsque d’aucuns estiment encore que les femmes sont prédestinées à certains métiers ?Lorsque certaines de celles qui se battent contre ces injonctions perpétuent ces mêmes schémas pernicieux ? Lorsque la souffrance de toute une part de la société devrait rester invisible ?
Zélie Sels
30/3/2024
Société
Éducation

Portraits parcours: Zofia, la maraichère

Il en est facile d'oublier que derrière les chiffres se cachent du savoir-faire, de la sueur, de la transmission, des années d'expertise mais aussi et surtout des visages singuliers.
Laurianne Systermans
25/3/2024