Jamais je ne deviendrai une mère sacrificielle.

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La revendication, criée haut et fort, a fécondé en moi en même temps que mon envie de maternité.

Reproduire un schéma parental obsolète, très peu pour moi, merci.

Deux enfants plus tard, je suis là à détacher des vêtements sales, défraichis par du lait caillé.

Je cours après le temps et je passe celui qu’il me reste à organiser, planifier, trier.

Il faut ensuite nourrir, prévoir, penser à ne pas oublier.

Mon cerveau déborde de pensées pour deux êtres que j’ai fait naitre.

Et je m’oublie.

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Je me surprends à envier ces femmes sans poussette.

À scruter le visage de celles qui ont pris la peine d’avoir le teint frais.

À me demander si les autres aussi pleurent après avoir hurlé sur des enfants « de caractère » qu’il faut éduquer.

Pendant 30 ans, j’ai vu ma mère trimer pour sa maternité choisie.

Elle fait partie de cette génération qui a été enchaînée à ses libertés.

Femmes, vous avez cru gagner en ayant le droit de travailler, de conduire et de gérer votre moyen de contraception ? Perdu ! C’était un leurre.

Face au patriarcat et au règne d’hommes non éduqués à l’égalité,

vous vous êtes retrouvées esclaves d’un système.

Celui où il faut être sur tous les fronts.

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Être partout pour n’avoir de réelle place nulle part.

Ma mère aux réunions de parents, aux fourneaux, au boulot, au supermarché; tôt levée, tard couchée, à préparer des boîtes à tartines et faire des lessives.

Jamais prendre soin d'elle, seulement et uniquement de tout le reste.

De nous trois, ses filles.

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Aujourd’hui, elle a le dos courbé et les mains calleuses.

J'ai haï sa soumission et son abnégation et pourtant étrangement, je l'admire pour ça aussi.

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Personnellement, je veux vivre ma parentalité accompagnée. Oser demander de l'aide, exprimer mes failles et mes envies.

Devenir mère à mon tour m'a néanmoins appris à quel point l'ambivalence maternelle est puissante:

je crois refuser le sacrifice, mais je pourrais disparaître dans les méandres des injonctions si le bonheur et le bien-être de mes enfants en dépendent.‍

Quoi qu'il en soit, je veux apprendre à ma fille et à mon fils que rien ne nous contraint, et que nous sommes de celleux qui pouvons changer le système, in utero.

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