Ondulation humaine et massive : iels sont des milliers dans les rues. Pour célébrer ou manifester. Applaudir ou contester. Vent debout, iels chantent, iels scandent, iels hurlent. La fronde est populaire et la colère, tempétueuse. Certains rassemblements portent eux la haine, d’autres la révolution. Iels sont pour, iels sont contre. Réclamer des droits. Bannir des droits. La foule acclame, la foule réclame. La foule inonde et la foule gronde. Les gilets sont jaunes ; les drapeaux brandis déclarent « ordem e progreso » ; les cheveux noir de jais montrés en étendard. La foule ne serait que l’expression des sentiments du peuple ? Heures de pointe, transports bondés, embouteillages de départs en vacances. Lieux sauvages devenus lieux de passage, croisières submergeant les côtes comme le large, files interminables pour des soldes dits alléchants, rues noires de monde, cohue. L’être humain semble aimer s’échouer dans la masse, prendre des bains de foule pour rythmer son quotidien.
La foule ne serait qu’inconscience collective ou addition d’égoïsmes individuels ? Marée humaine et vague de terreur dans le quartier d’Itaewon. Les corps se bousculent, s’entrechoquent, se tassent. Onde de choc et tsunami de l’horreur : les corps amassés ont été piétinés et écrasés par d’autres, semblables. La foule est effarée, la fête est finie. Le lendemain, sur la rivière Machchhu, autre célébration devenue drame. Cette fois, des corps apeurés, noyés, engloutis. « Le pont était plein de monde », lira-t-on. La foule ne serait que troupeaux et hécatombes ? La foule fait irruption. Celleux qui la composent convergent dans les rues de Feluy. Iels vont s’arrimer les un·e·s aux autres, faire bloc. Une masse unique qui empêchera l’accès à une usine pétrochimique d’un géant pétrolier. De naissance, iels ont embarqué sans le vouloir dans la même galère, alors aujourd’hui, iels unissent leurs forces pour enclencher un changement citoyen. La foule serait-elle à la fois désobéissance et sagesse ? La foule incarne certainement toutes ces facettes. Tantôt naviguant sur les flots d’une lutte collective, tantôt emportée par la bêtise de l’effet de groupe. Le second dossier de Parresia pousse le débat plus loin en se posant cette question : la foule a-t-elle raison ?

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