La relation entre la jeunesse & les médias en 2023

L’ambiance est feutrée. La scénographie se veut chaleureuse, un salon-cocon aux tons ocres et terra cotta. Des fauteuils râpés aux fleurs imprimées, un plancher de bois blanc faussement usé, des lumières chaudes et tamisées. Coussins colorés en bord de scène. Le décor est planté. Bienvenue au Studio Varia, bienvenue au lancement de Parresia media !

« Les tribunaux médiatiques, condamnation d’une justice à la traine ? », le débat est lancé. Un panel issu du monde juridique, journalistique et politique échange avec le public, comme un sentiment de rencontre du troisième type avec d’un côté, le cadre institutionnel, le rationnel, le factuel, et de l’autre, l’expression de ressentis, de vécus. En effet, dans la salle, ça murmure, ça chuchote et les ventres se tordent. Les mots ont envie de s’évader des bouches, certain·e·s jeunes s’échappent alors du public pour grimper sur scène.

L’appellation « tribunal médiatique » constitue une première discussion en elle-même. Certain·e·s préférent évoquer un « espace médiatique » pendant que d’autres mettent en exergue un tribunal dit « populaire ». Derrière ce qualificatif péjoratif se cache l’idée-même d’une procédure de valeur moindre. Et puis de toute façon qu’importe le substantif choisi pour évoquer ces « procès en ligne », les réprésentant·e·s de la loi font front pour accuser la pratique ! Iels dénoncent le risque d’un procès à la sentence déjà annoncée, iels craignent que les clameurs de la foule s’immiscent et entachent les procédures judiciaires, iels jurent que les victimes comme les incriminé·e·s ont tout à perdre à être ainsi exhibé·e·s.  

Mais que penser alors de toutes ces initiatives qui ont émergé sur les réseaux sociaux et qui ont permis à des voix d’être entendues ? Du pionnier #MeToo à l’international Black Lives Matter, ces initiatives ont permis de visibiliser des pans entiers de la société, qui ont enfin trouvé une tribune pour s’exprimer.

Les plus ciblés Balance ton porc et Balance ton bar cherchent à rassembler les témoignages, à exposer sur la scène publique pour enfin faire écho. Plus de « moi aussi », plus de « nos vies comptent et nous voulons exister », mais l’accusation, le doigt pointé. Pour enfin être cru·e·s.

Alors oui, à l’heure où quelques mots ou une image peuvent traverser les frontières, tant physiques que sociales, une condamnation numérique signe la fin, une sorte de mort sociale. Mais c’est bien là tout l’objectif des charges déversées sur la toile : tuer la dignité, stopper les actes abjects trop souvent multipliés. Tenter de mettre fin à la récidive.  

Il est vrai que nous ne pouvons cautionner une justice faite par nos pair·e·s, mais que faire de toutes ces plaintes jamais reçues, par méfiance envers l’institution judiciaire, par peur des représailles, par précarité ou dépendance financière ? À cause de notre genre. À cause de notre âge. Un jeune vient d’ailleurs s’emparer du micro et pose alors la question fatidique : doit-on se contenter d’une justice -archaïque- si elle dysfonctionne ? 

Le temps s’écoule trop vite et déjà le gong retentit : clap de fin pour cette première soirée. La frustration se fait sentir autant que l’émulation : le débat aurait encore pu se prolonger des heures durant. Un vrai débat. Celui qui suscite la controverse, mais au sein duquel chacun·e a le droit de s’exprimer. Une pluralité d’opinions pour penser, débattre, agir. Ce soir, Parresia a rempli sa mission. 

Laurianne Systermans

Coordinatrice sur le projet Parresia et accompagne les jeunes dans leur envie de s’essayer à l’expression journalistique.

La relation entre la jeunesse & les médias en 2023

Le podcast

A écouter dans ce podcast :

Margaux De Ré

Députée bruxelloise

Maryam Benayad

Journaliste à La Libre Belgique

Karim Sedad

Avocat pénaliste

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[Mauvais genre]

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La playlist

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14/2/2023
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