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Violences policières: mode d’emploi.


« Ils ont tué Souli »


Le sentiment glacial qui me parcourt cet après-midi du vendredi 21 février 2014 est indélébile.

« Ils… »

Sans pouvoir l’expliquer, je comprends ce(ux) qui se cache(nt) derrière ce pronom personnel avant même de le demander.

Sur les coups de 14h, Soulaïmane Jamili, jeune garçon solaire de 15 ans est mortellement percuté par une sombre rame de métro après un contrôle de police à la station Osseghem.

Les circonstances du drame ? En plus de sa perte, ses proches vivent avec la douleur de ne pas savoir.

11 minutes de blanc pour une vie dans le flou. Par un étrange hasard, les images de vidéosurveillance ont eu le malheur de virer au noir dès l’intervention des uniformes bleus.

Difficile de ne pas voir rouge à l’écoute de la version officielle de la police. Après les faits, des agent·e·s se présentent au domicile de ses parents pour leur annoncer que leur fils se serait… suicidé. Le ministère public jugera même bon de dire que Soulaïmane aurait mieux fait d’être à l’école ce jour-là.

Une condamnation au tribunal ? Une interdiction d’exercer ? Des excuses ? Non, un non-lieu. Comme tant d’autres, ce drame souligne leur impunité.

« Justice pour Soulaïmane ».

Nouveau slogan à brandir entre les tristement célèbres « Justice pour Fayçal », « Justice pour Sémira » ou encore « Justice pour Jonathan ».

Et cela sans compter toutes ces personnes qui, sur Instagram, n’ont pas de compte. Ces personnes qui n’en ont pas parlé par honte. Ces personnes qui ont été laissé-pour-compte.

« Justice pour… »

Malheur à celui ou celle dont le prénom sera précédé de cette paire de mots.

« Police partout, justice nul part. »

Comment le nier ?

Avant l’effroi, avant les marches blanches, avant de demander justice, c’est le système entier gangréné par un racisme issu des vestiges coloniaux qu’il faut remettre en question.

Il ne s’agit pas d’un discours de révolutionnaire utopiste.

Ils nous parlent de « pommes pourries » pendant que les tutoiements, les menaces, les intimidations, les humiliations, le harcèlement, les insultes, les agressions et les meurtres s’accumulent et restent impunis.

L’histoire de Soulaïmane aurait pu être celle de n’importe quel de mes frères. Celle de Sourour me rappelle qu’elle aurait pu être celle de n’importe quelle de mes soeurs.

Tous ces noms qui pour beaucoup sonnent bien familiers. N’attendons pas d’être directement touché·e·s pour comprendre que non, ça n’arrive pas qu’aux autres.

Une histoire comme celles-ci aurait pu être la tienne, la mienne.

Aujourd’hui, je prends un malin plaisir à gagner la bataille psychologique et intellectuelle à chacune de mes interactions avec ces forces de l’ordre plus intéressées par la force que par l’ordre.

Parce que ce combat nécessite d’être armé·e de savoir, parce que ce combat nécessite de porter la voix de celleux qui en ont subi les travers de plein fouet, parce que ce combat nécessite d’agir de manière organisée et raisonnée…

Parresia t’invite à l’accompagner dans son nouveau dossier : « Violences policières : mode d’emploi. »

Ilyas Boukria

L'une de nos voix

Violences policières: mode d’emploi.

Le podcast

A écouter dans ce podcast :

Ilyas Boukria

L'une de nos voix

Cecilia Guypen

Réalisatrice du film "Quand la police tue"

Khaled Boutaffala

Coordinateur de l'amo "Atmosphère"

Violences policières: mode d’emploi.

[Mauvais genre]

Violences policières: mode d’emploi.

La playlist

Violences policières: mode d’emploi.

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Dandelot

Alexandre Dandelot

Employé comme chargé de projet de la cellule Vers Demain, après des études de sociologie à l'UCL.

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Talaouanou

Ines Talaouanou

Chargée de récolter les pièces à convictions

Pour ce dernier article du dossier, on étale nos identités, lever comme drapeau face aux violences policières subies par toustes. Un regard porté sur celleux victimes de ce système et de la peur qu'il répand.

Sels

Zélie Sels

Comédienne de formation, chargée de projet dans l’association « Les ambassadeurs d’expression citoyenne »

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