©GiacomoReynaud

À corps perdu : comment se le réapproprier ?

D’aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfance, j’ai toujours essayé de le camoufler, alors qu’aujourd’hui, je voudrais qu’on me questionne sur ce ventre qui s’arrondit.

Mon image a sans cesse été déformée. Les photos affichent une version courbe de ce que j’aperçois dans le miroir.

Certainement une question d’objectif. Le mien ou celui de l’appareil ?

Jamais jugée sur ce physique rembourré d’amour et de sucre, quelques phrases m’ont pourtant piquée, sans pour autant me faire dégonfler.

« Non mais chez toi, ça se voit pas. »
« Oui, t’es ronde, mais t’as vraiment un joli visage. »
Obèse, mais invisible. Obèse, mais pas moche.

Jusqu’à cette sentence qui a fait l’effet d’une gifle, remuant tout mon être, de ma graisse à ma chair : « Elle, elle est bonne à marier, pas à baiser. »

Ces mots sont sortis de la bouche d’un « ami », alors j’ai cru qu’ils se voulaient presque sympathiques. Tout de même, il s’imaginait qu’on pouvait faire sa vie avec quelqu’un comme moi. Une grosse pas dans son lit, mais une grosse pour la vie, ça oui.

J’ai englouti plus de sucre et cherché encore plus d’amour, dévorant tout sur mon passage. Avaler ces mots encore et encore, à en vomir, pour finalement s’enfuir loin de ces gens qui ne méritent pas la chaleur de ma peau.

Et puis lui. Et puis la vie qui grandit, derrière ces abdominaux inexistants. Elle s’y est établie pour trouver confort et protection. Elle a vu juste.

Faire naître aura cisaillé ce corps. Il a souffert et connu la douleur des viscères trifouillés de l’intérieur. Mais jamais ce corps n’aura autant prouvé qu’il était plus qu’une enveloppe. Mon corps, tu as été mon meilleur allié. Respect.

« À corps perdu :  comment se le réapproprier ? » Pour ma part je répondrais : en vivant d’amour et de sucre. Ou simplement, en vivant.

Laurianne Systermans

Coordinatrice sur le projet Parresia et accompagne les jeunes dans leur envie de s’essayer à l’expression journalistique.

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