Sommes-nous responsables de ce que nous sommes ?
Une nuit de mars. Il y a presque six ans. Tout était calme. Allongée sur mon lit d’hôpital, entourée de l’homme que j’aime et du personnel médical, je m’apprête à donner naissance.
Ma douleur est apaisée par les soins donnés. Ma crainte est enveloppée par la chaleur du soutien présent. Ton premier cri résonne comme le point de départ d’une rencontre de tous les jours. S’apprivoiser. Comprendre nos réactions, nos besoins, nos envies. Eveiller ton être, se parler, te rassurer et me rassurer. Endosser une responsabilité jusque-là, jamais imaginée. Laisser l’insouciance parcourir tout les recoins de ton corps. Naître homme. Le temps file et tu grandis. Jour après jour, ton corps change. Parfois dans la douleur, souvent dans les pleurs, toujours avec la fierté de pas à pas y arriver. Progresser. Transgresser. Comprendre. Apprendre. Semaine après semaine, ton regard se fait plus soutenu, tu réagis à la vie. Tu ris. Tu souris. Mois après mois, tu comprends ce que je te dis. Tu répètes. Tu rouspètes. Année après année, dans le cocon que l’on a tant préparé avec tous nos proches, tu laisses émerger ta personnalité teintée de la couleur de chacune de tes rencontres. Être, de tout ton être.
Chaque nuit, entrer à pas de souris dans ta chambre endormie. Sentir planer les rêves au-dessus de ton lit, qui deviendra bien assez tôt trop petit. Te voir relâché. T’observer au pays de Morphée. Me laisser transporter par la douceur de tes traits. Me laisser voguer aux grés de tes inspirations, sentir le souffle de tes expirations. Avoir envie de te réveiller pour croquer tous les petits brins de la vie à tes côtés. Apprécier tous les jours un peu plus ta personnalité. La laisser éclabousser ton monde. Te. voir agir selon ta perception. Imaginer pour appréhender. La porte de la grande école n’est plus très loin. Tu parcours peu à peu ton chemin. L’autonomie sonne chaque jour un peu plus comme une nouvelle mélodie. Cherchant l’harmonie auprès des nouveaux instruments que tu pratiques, tes compositions sont de plus en plus abouties. Tu réfléchis.Tu agis. Conscient de l’immensité des possibilités. Entouré de belles personnalités. Tel le chef d’orchestre de ta vie vibrant au grès de tes envies. Être homme. « Être homme, c'est précisément être responsable, c'est connaître la honte en face une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde. » Antoine de Saint-Exupéry
Endosser la responsabilité de toi c'est sentir tantôt la lourdeur d'une chape sur les épaules, tantôt la douceur d'un câlin au réveil, tantôt la boule au creux du ventre. Toujours le bonheur de te savoir au fond de mon cœur. Si nous sommes responsables de ce que nous sommes, être ta maman est sans aucun doute ma plus belle, ma plus folle, ma plus douce, ma plus inespérée responsabilité.
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Vous connaissez cet effet satisfaisant ? Celui où l'on écoute une musique qui trouve les mots justes pour répondre à une situation que l'on vit. Celui où les mots raisonnent, où l'instrumentale vibre plus encore par la justesse du moment.
Amine nous partage son avis: pour lui, nous ne sommes pas responsables de ce que nous sommes et voici pourquoi.
A la rencontre d'une personne inspirante: Fran Kourouma. Nous avons eu la chance de croiser sa route et nous voudrions vous inviter à découvrir son histoire