Faut-il faire la guerre aux mots ?

« On ne peut plus rien dire ! » « On ne peut plus rien dire ! » Au détour d’une conversation de bureau, lors d’un repas en famille ou sur un plateau de télévision, lorsque cette phrase est prononcée, elle laisse souvent la place à un silence gêné. Si elle vous est adressée, vous devenez immédiatement coupable d’« attentat à la liberté ». « On ne peut plus rien dire ! » est pourtant vide de sens puisque le fait même de le dire indique qu’il y a liberté de s’exprimer.
« On ne peut plus rien dire ! » Cri de détresse émanant de mêmes couches, de mêmes bouches de ceux et celles qui ont tenu fermement le crachoir et qui ne peuvent concevoir de le partager sans fureur ou tremblement. Lorsqu’on n’a pas suffisamment la parole, on ne craint pas d’en perdre le monopole. Dans les relations de domination, le langage a en effet une place toute particulière. Le privilège des gagnants n’est-il pas de pouvoir « écrire l’Histoire », d’en maîtriser le récit ? C’est ce qui fait que chaque lutte s’accompagne en même temps d’une guerre terrible des mots : la victoire est assurée à celui ou celle qui saura les aligner comme de fidèles et malléables soldats.
Chaque mot recèle une place stratégique et une fonction attendue : des mots qui puent ou qui tâchent comme du mauvais vin, des mots comme des munitions crachées en rafales dans les débats stériles, des mots « no mans land » qui endorment notre vigilance pour mieux nous surprendre, des mots « grenades » à dégoupiller pour faire un maximum de dégâts, des mots-espions, qui trahissent notre pensée et contredisent nos intentions affichées, des mots à la déflagration immédiate. « On ne peut plus rien dire » ! Aussi stridente soit la plainte, réjouissons-nous !
Son occurrence grandissante nous indique une évolution des mentalités. En effet, les micro-racismes, micro-sexismes et autres discriminations langagières sont en train de perdre de leur normalité. D’autres mots, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, retrouvés ou fraichement inventés, surgissent et aèrent le dictionnaire, offrant une perspective de combat moins inégalitaire. Alors mots amis, mots ennemis, faut-il les bâillonner, les déserter, les enrôler, les exiler, les torturer, les glorifier ? Puisque la parole est une arme et que nous savons la puissance des mots dans les combats menés, nous ouvrons notre tout premier dossier Parresia sur cette question martiale : « Faut-il faire la guerre aux mots ? »

Monia Gandibleux

Formatrice autant que coordinatrice de l’ensemble des activités

Faut-il faire la guerre aux mots ?

Le podcast

A écouter dans ce podcast :

Fatima Ezzahrae Hamidi

Ambassadrice senior

Melih Mehmed

Ambassadeur Junior

Zélie Sels

Comédienne de formation, chargée de projet dans l’association « Les ambassadeurs d’expression citoyenne »

Salma Gargata

Ambassadrice apprenti

Faut-il faire la guerre aux mots ?

[Mauvais genre]

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Faut-il faire la guerre aux mots ?

Les articles

Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire

Hall

Evelyne Béatrice Hall

Des silences sont brisés, les uns après les autres. Et des oreilles écoutent, enfin. Notre époque a bien des défauts. Mais elle n’aura pas celui de rester sourde à des souffrances tues pendant des générations et des générations. Pourtant, certains hurlent à l’unisson un mantra désormais répété jusqu’à l’absurde : « on ne plus rien dire on ne plus rien dire on ne peut plus rien dire on ne peut plus… » Nous leur répondons : “On peut dire bien plus qu’avant. Mais pas n’importe comment.”

Le mot, être vivant, longévif et mortel. Le dernier soupir de certains amalgames comme une promesse de second souffle pour que toustes puissent se (re)trouver. Loin de l’inertie, des mots dôtés de vie et sujets à des transformations et remises en question. Reconfigurations du champ lexical. Loin du champ de bataille, de l’aliénation, du bruit et de la déraison, la prise de conscience. Reconnaissance des mots-grenade, des mots saturés d’Histoire(s) et chargés de traumatismes, des mo(r)ts qu’il faut enterrer au même titre que les lettres qui discriminent et condamnent. Ecarlates. Loin de la haine décomplexée ou déguisée, déconstruire le langage pour s’élever et renouer avec les mots d’amours et calembours, les mots-valises et mots d’excuse, les mots bleus de la mélancolie, les vers de la poésie

Ben Medhi

Youssra Ben Medhi

Ambassadrice senior

Défendre la liberté d’expression, ce n’est pas défendre la liberté d’agression.chez les « Ambassadeurs d’expression citoyenne ». Je continuerai et nous continuerons à promouvoir le débat de plein de manières différentes, tout en cherchant à respecter les libertés et les identités de chacun·e.

Lamarti

Adam Lamarti

Ambassadeur senior

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Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire
Evelyne Béatrice Hall

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Des silences sont brisés, les uns après les autres. Et des oreilles écoutent, enfin. Notre époque a bien des défauts. Mais elle n’aura pas celui de rester sourde à des souffrances tues pendant des générations et des générations. Pourtant, certains hurlent à l’unisson un mantra désormais répété jusqu’à l’absurde : « on ne plus rien dire on ne plus rien dire on ne peut plus rien dire on ne peut plus… » Nous leur répondons : “On peut dire bien plus qu’avant. Mais pas n’importe comment.”

#1-Citation-3

Le mot, être vivant, longévif et mortel. Le dernier soupir de certains amalgames comme une promesse de second souffle pour que toustes puissent se (re)trouver. Loin de l’inertie, des mots dôtés de vie et sujets à des transformations et remises en question. Reconfigurations du champ lexical. Loin du champ de bataille, de l’aliénation, du bruit et de la déraison, la prise de conscience. Reconnaissance des mots-grenade, des mots saturés d’Histoire(s) et chargés de traumatismes, des mo(r)ts qu’il faut enterrer au même titre que les lettres qui discriminent et condamnent. Ecarlates. Loin de la haine décomplexée ou déguisée, déconstruire le langage pour s’élever et renouer avec les mots d’amours et calembours, les mots-valises et mots d’excuse, les mots bleus de la mélancolie, les vers de la poésie
Youssra Ben Medhi

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Défendre la liberté d’expression, ce n’est pas défendre la liberté d’agression.chez les « Ambassadeurs d’expression citoyenne ». Je continuerai et nous continuerons à promouvoir le débat de plein de manières différentes, tout en cherchant à respecter les libertés et les identités de chacun·e.
Adam Lamarti
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