©Francesco Bongiorni

Le cinéma fait-il écran à la diversité ?

« Quand vous aurez surmonté la barrière des deux centimètres de sous-titres, vous découvrirez des films étonnants. »

Cette célèbre phrase a été prononcée par Bong Joon Ho, réalisateur de Parasite, lors de la cérémonie des Oscars en 2020. Il voulait encourager les spectateurs à explorer la richesse du cinéma international.

La diversité au cinéma peut inclure les films internationaux, mais elle va bien au-delà. Elle vise à refléter le monde réel et à donner la possibilité à une grande variété de voix et d’histoires de s’exprimer à l’écran.

La diversité oui, mais correctement représentée. Que ce soit à travers le whitewashing, les stéréotypes ou encore les préjugés systémiques, une représentation mal exécutée peut causer plus de dégâts ce que l’on pense.

Que ce soit les femmes musulmanes qui enlèvent systématiquement leurs voiles dans les séries Netflix ou les rôles asiatiques joués par des acteur·rice·s blanc·che·s (Scarlett Johansson, on te voit), ces représentations causent du tort aux minorités.

La diversité, aujourd’hui, ça vend. Sans réelle envie de promouvoir l’inclusion, certain·e·s réalisateur·rice·s n’hésitent pas à placer de façon quasi-aléatoire des personnes issues de minorités.

Iels répondent ainsi à des pressions commerciales ou évitent un procès médiatique, sans prendre en compte les perspectives et les expériences réelles de ces groupes sous-représentés.

Bien que nous observions une augmentation des représentations de minorité dans le monde du cinéma, celles-ci restent trop peu nombreuses et bien trop maladroites

La diversité est une richesse inestimable, qui mérite d’être honorée, célébrée et pleinement reflétée sur nos écrans

C’est avec tout ceci en tête que je vous pose la question suivante: « Le cinéma fait-il écran à la diversité ? »


Sara Baguet

Amatrice de cinéma

Le cinéma fait-il écran à la diversité ?

Le podcast

A écouter dans ce podcast :

Mara Taquin

Actrice

Melanie Defoin

Photograhe, cinéphile et assistante de production

Yasmine Kaddour

Scénariste

Le cinéma fait-il écran à la diversité ?

[Mauvais genre]

Le cinéma fait-il écran à la diversité ?

La playlist

Le cinéma fait-il écran à la diversité ?

Les articles

Celleux qui croquent dans la culture depuis petits. Celleux qui ne doivent pas réfléchir à deux fois avant d'acheter leur ticket. Car le prix d'une place est aussi inaccessible que les rôles eux-mêmes. Aujourd'hui, cette lame de fond ne bouge pas. Le cinéma représente ce que nous vivons continuellement : nationaliser, occidentaliser et universaliser nos héritages culturels ! On ne donne pas la juste place à nos visages, à nos corps, à nos identités, pour noyer ce que nous sommes au quotidien. Il est temps de renouveler les imaginaires des cultures dominantes. Cette fermeture culturelle est une forme de pillage pour nos enfants. Quota obligatoire ? Représentation obligée ? Nous répétons des discussions vides de sens et de diversité sur nos écrans.

Imeri

Lemane Imeri

Chargée de projet au sein des Ambassadeurs d'expression citoyenne

Le male gaze, ou "regard masculin", c'est quoi ? Le male gaze désigne, dans le cinéma, une façon de dépeindre la figure féminine du film de manière à satisfaire le voyeurisme du spectateur. En bref, le male gaze, c'est une vision stéréotypée de la femme construite par la société patriarcale et qui va influencer la réalisation (scénario, image ...) d'un film. Caméra qui s'attarde quelques secondes supplémentaires sur le déhanché d'une femme ? Male gaze ! Personnage féminin qui sert de faire-valoir aux actions de l'homme-héros ? Encore le male gaze ! « Les grandes œuvres du female gaze nous saluent. Elles nous considèrent. Le déchirement à l’idée de quitter ces héroïnes demeure, mais on les laisse partir. Il n’y a pas de rapt. Elles sont autonomes. Elles sont libres."

Quand cinéma et mémoire se font la guerre On parle souvent de "Indigènes" (2006) qui parlait des soldats maghrébins enrôlés dans l'armée française pendant la seconde Guerre Mondiale. Le film "Hors-la-loi" (2010), lui, raconte l'histoire de trois frères algériens qui s'engagent (ou pas) dans la lutte pour la libération de leur pays. Si "Indigènes" a été plutôt bien accueilli, "Hors-la-loi" a fait l'objet d'un appel au boycott avant même sa sortie publique. Certain·e·s politiques français·e·s avaient dénoncé la manière dont le film a dépeint les massacres coloniaux de Sétif (1945). Des écrivain·e·s et des historien·ne·s, elleux, dénoncèrent les risques de censure d'une oeuvre de cinéma.

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Celleux qui croquent dans la culture depuis petits. Celleux qui ne doivent pas réfléchir à deux fois avant d'acheter leur ticket. Car le prix d'une place est aussi inaccessible que les rôles eux-mêmes. Aujourd'hui, cette lame de fond ne bouge pas. Le cinéma représente ce que nous vivons continuellement : nationaliser, occidentaliser et universaliser nos héritages culturels ! On ne donne pas la juste place à nos visages, à nos corps, à nos identités, pour noyer ce que nous sommes au quotidien. Il est temps de renouveler les imaginaires des cultures dominantes. Cette fermeture culturelle est une forme de pillage pour nos enfants. Quota obligatoire ? Représentation obligée ? Nous répétons des discussions vides de sens et de diversité sur nos écrans.
Lemane Imeri

#12-info-1

Le male gaze, ou "regard masculin", c'est quoi ? Le male gaze désigne, dans le cinéma, une façon de dépeindre la figure féminine du film de manière à satisfaire le voyeurisme du spectateur. En bref, le male gaze, c'est une vision stéréotypée de la femme construite par la société patriarcale et qui va influencer la réalisation (scénario, image ...) d'un film. Caméra qui s'attarde quelques secondes supplémentaires sur le déhanché d'une femme ? Male gaze ! Personnage féminin qui sert de faire-valoir aux actions de l'homme-héros ? Encore le male gaze ! « Les grandes œuvres du female gaze nous saluent. Elles nous considèrent. Le déchirement à l’idée de quitter ces héroïnes demeure, mais on les laisse partir. Il n’y a pas de rapt. Elles sont autonomes. Elles sont libres."

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Quand cinéma et mémoire se font la guerre On parle souvent de "Indigènes" (2006) qui parlait des soldats maghrébins enrôlés dans l'armée française pendant la seconde Guerre Mondiale. Le film "Hors-la-loi" (2010), lui, raconte l'histoire de trois frères algériens qui s'engagent (ou pas) dans la lutte pour la libération de leur pays. Si "Indigènes" a été plutôt bien accueilli, "Hors-la-loi" a fait l'objet d'un appel au boycott avant même sa sortie publique. Certain·e·s politiques français·e·s avaient dénoncé la manière dont le film a dépeint les massacres coloniaux de Sétif (1945). Des écrivain·e·s et des historien·ne·s, elleux, dénoncèrent les risques de censure d'une oeuvre de cinéma.
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